La Baie de Morlaix
Qui de la mer ou de la terre est allé à la conquête de l’autre ? Difficile de trancher… La baie de Morlaix est une sorte d’union libre entre la terre et l’eau. L’eau douce du Dosenn a creusé une vallée pour rejoindre plus facilement l’eau de mer. A elles deux, ces eaux se sont mélangées pour mieux prendre leur aise et dessiner un paysage à leur convenance… Des côtes rocheuses finement dentelées esquissent une vaste échancrure et, posés comme des grains de beauté, une myriade d’îles et de cailloux s’éparpille entre le bleu de la mer et le jaune du sable.
Autour de cet espace mixte qui se découvre 2 fois par jour et s’étire d’est en ouest, la terre et la mer ont également façonné les habitants de ces lieux prospères. Et comme pour parfaire le tableau, d’autres fées se sont penchées sur cet espace naturellement beau. Ainsi la proximité du passage du Gulf Stream offre un climat particulièrement doux et régulier tout au long de l’année. Conjuguée à l’étreinte mutuelle de la terre et la mer ces lieux insolites se sont montrés généreux. La mer poissonneuse a incité de nombreux hommes à tenter l’aventure de la pêche. Et la terre particulièrement fertile a favorisé l’implantation de nombreuses cultures légumières.
Depuis longtemps ces deux mondes du travail ont fraternisé et forment la particularité du pays de Morlaix. Les producteurs agricoles ont modelé le paysage à leur mesure et développé une activité économique importante. La présence des bateaux côtiers ou hauturiers qui croisent devant la baie témoigne d’une tradition maritime toujoursforte.
« La baie de Morlaix enchante, la baie de Morlaix réjouit l’œil et ravit l’âme. Chef d’œuvre d’une nature fantaisiste, qui multiplie les édentations et accueille les prouesses des hommes : le cairn néolithique de Barnénez, le château du Taureau, le port en eau profonde de Roscoff. Mais la perle est peut-être l’île Callot aux formes tourmentées mais à l’atmosphère si paisible… Des criques solitaires, un semis de rochers, des plages oubliées : la campagne au milieu de la mer. » Pierre-Jakez Helias
Un territoire
Espace commun ou séparation naturelle entre le Trégor et le Léon, la baie de Morlaix s’étire comme un vaste territoire aux multiples attraits.
Morlaix
Limite intérieure de cet estuaire, Morlaix est une ville qui semble descendre en rappel le flanc des diverses collines qui la compose. Et comme un immense rideau accroché sur une tringle, les 14 arches de l’impressionnant viaduc descendent du ciel pour se planter dans le port de la ville. Construit au XIXème siècle pour la ligne de chemin de fer reliant Paris à Brest, cet ouvrage d’art imposant est la signature de la ville.
A Morlaix on ne voit pas la mer, mais elle est là. Pour rendre la politesse à la rivière de Morlaix qui se jette dans la mer, à son tour le flot vient à chaque marée jusqu’aux bords de la ville, et ainsi rappelle à tous que Morlaix fut un actif et riche port de commerce. Sur les flancs des collines pentues, de nombreuses venelles où s’agrippent de vieilles maisons à pans de bois sont autant d’incitations à s’embarquer pour une promenade dans le passé. Et dans le bas de la ville les maisons à Pondalez constituent une particularité architecturale exceptionnelle de Morlaix.
Plougasnou
Comme ici rien n’est comme ailleurs, au nord-est, Plougasnou est une commune du Trégor tournée vers le Pays du Léon. La pointe de Diben et la pointe de Primel-Trégastel, montent la garde à l'entrée est de la baie de Morlaix. Avec son petit port ouvert sur la Manche, Plougasnou est une station balnéaire qui bénéficie d’un décor naturel encore bien préservé. Orientée à l’ouest, cette côte offre des points de vues magnifiques et des lumières éclatantes lorsque le soleil y jette ses dernières lueurs pour finir sa journée.
Carantec
Sur le versant ouest de la baie , une route de côte permet de longer l’estuaire qui s’élargit depuis Morlaix pour rejoindre Carantec. Encadré par 2 rivières la Penzé et la rivière de Morlaix, Carantec est une station balnéaire parée de villas élégantes et de jolies plages. Le plan d’eau favorise la pratique de nombreux sports nautiques alors qu’à marée basse l’estran découvre un espace impressionnant pour tous les adeptes de la pêche à pied. Et quelle que soit l’heure de la marée, « La chaise du curé », sorte de plate-forme rocheuse, offre un regard panoramique à 180° sur l’ensemble de la baie… D’une rive à l’autre, du château du Taureau jusqu’à Roscoff.
Saint Pol de Léon
Un peu plus au nord-est, Saint Pol de Léon, l’ancienne capitale religieuse de la région a conservé la trace de son passé prestigieux. L’impressionnante cathédrale avec ses tours de granit de 55 mètres de hauteur et le clocher du Kreisker dominent la ville. Mais aujourd’hui la puissance de Saint-Pol se trouve bien plus près du sol. La ville est désormais la capitale du choux-fleur et de l’artichaut. Aujourd’hui tout le Léon vit de l’élevage et de la culture légumière. Autour de Saint-Pol et jusqu’à Roscoff, la terre vaut de l’or. Elle est travaillée avec soin.
Roscoff
Nid de corsaires missionnés par les rois de France ou repère de flibustiers c’était - selon les époques et les guerres - l’activité de Roscoff jusqu’au premier empire. De manière plus pacifique, l’activité commerciale de Roscoff a été longtemps un lieu important pour le commerce du lin. Et les belles maisons de granit du centre de la ville illustrent parfaitement l’aisance financière des armateurs installés sur cette pointe avancée vers l’Europe du Nord et les routes marchandes.
Aujourd’hui Roscoff est un port toujours actif. Après les Johnnies qui traversaient la Manche pour aller vendre leurs chapelets d’oignons rosés chez les Anglais, les agriculteurs du Léon ont trouvé là le moyen d’exporter leur production légumière. Ils ont créé une compagnie maritime, la Brittany Ferries et obtenu un port en eau profonde qui permet des échanges réguliers avec la Grande Bretagne, l’Irlande et même l’Espagne.
C’est dans cette « Petite cité de caractère » qu’a été installé le premier centre de thalassothérapie, en 1899. Suivi l’année d’après par la création du centre médical héliomarin.
Enfin Roscoff est un important port de pêche, spécialisé dans la pêche aux casiers des crabes, homards, et des langoustes.
Le nom de Morlaix
Pour certains le nom de la ville viendrait du celte « mor – lès », qui signifie « près de la mer ». Pour d’autres le nom de la ville remonterait au début du XVIème siècle… En 1512, les marins venus d'Angleterre attaquent la ville mais la population locale résiste vaillamment. Et dans la foulée, pour se donner du courage, les habitants auraient crié « s'ils te mordent, mords-les ». C’est en tous cas une version qui s’est répandue et qui a trouvé d’ardents étymologistes pour la soutenir. Quoiqu’il en soit cette phrase est devenue la devise de la ville et le blason de Morlaix est encadré d’un lion faisant face à un léopard… anglais.
La station biologique de Roscoff
En raison d’un important marnage et d’une exceptionnel biotope accessible à marée basse, Henri de Lacaze-Duthiers, professeur d’anatomie comparée à la Sorbonne, fonde un laboratoire de zoologie expérimentale à Roscoff. C’était en 1872. Depuis la Station biologie de Roscoff n’a cessé d’entreprendre des travaux de recherches. Rattachée à l’Université Pierre et Marie Curie et au CNRS, fonctionnant tout au long de l’année, cette station biologique accueille quelques 200 personnes : chercheurs, étudiants chercheurs, ingénieurs et techniciens.